Affaire robert lund; Robert Lund est disponible à la location. Condamné à trois reprises par une cour d’appel pour le décès de sa femme, Évelyn, en 1999, il obtient sa liberté en septembre… et revient dans la maison familiale de La Veaute, près de Rayssac, où nous avons été accueillis.

Il s’agit d’un cas insolite : celui d’Evelyn Lund-Wilkinson, une Anglaise portée disparue depuis près de deux ans avant d’être retrouvée morte dans son 4×4 immergé dans les eaux du lac La Bancalié le 14 octobre 2001 ; et, bien sûr, celle de son mari Robert Lund, qui a été condamné à 12 ans d’emprisonnement par une cour d’appel pour “avoir causé volontairement la mort sans intention de la donner” à trois reprises.
Robert Lund, 61 ans, libre depuis mi-septembre, a repris possession de la ferme du village de La Veaute, sur la commune de Rayssac, où il résidait. Malgré nos protestations, il a accepté de nous rencontrer pour un entretien privé. Entrevue.
Quels sont les premiers mots que vous auriez envie de nous dire ?
A ceux qui ont mis en doute mon innocence, je n’ai jamais hésité : “Je suis innocent !” Non pas du tout! Non, ce n’est pas la fin de l’histoire. J’espère une issue favorable au processus de révision. J’ai hâte d’entendre les avocats. Parce que j’ai été reconnu coupable sans preuve, le Code de procédure pénale me donne au moins un moyen de défense. Le jury a rendu une décision sur une présomption intempestive.
Il existe plusieurs spéculations et hypothèses. Il n’y a pas l’ombre d’un doute dans mon esprit. Ce n’est pas moi du tout ! Ma conscience est claire à ce stade. J’étais une cible facile à trouver pour les enquêteurs. J’ai toujours été très coopératif avec le système judiciaire. Cela valait la peine pour moi de passer un peu plus de temps en prison.
Après mon dernier procès le 16 décembre 2011, j’ai passé les neuf dernières années en prison : à Albi, à Seysses lors de mon deuxième procès en 2009, de nouveau à Albi, et enfin à Montauban depuis mon dernier procès le 16 décembre 2011. Comme en conséquence, j’ai été libéré le 14 septembre, après avoir obtenu un bref permis de trois jours en août. Depuis 2009, je suis considéré comme “conditionnable”.
Cependant, chaque fois que je suis allé au ministère de la Justice pour demander quoi que ce soit, on m’a dit que j’étais toujours en prison. Depuis, j’ai appris à dire : Robert, quand tu seras de l’autre côté des barricades, tu seras libre d’aller où tu voudras. Ce n’est pas le cas. Beaucoup de gens m’ont dit d’arrêter, de prendre un peu de temps d’abord, puis de voir ce qui se passe. Cependant, rien n’était faisable après cela. En conséquence, j’ai été confiné dans mon lit pendant toute la durée de l’audience et de la cassation qui a suivi.
Quelles étaient vos pensées et vos sentiments au moment de votre départ ?
J’étais extatique à l’époque. Enfin, je suis libre. L’aumônier de la prison est celui qui m’a transporté à Rayssac. C’est en août que je me suis rendu compte que j’avais une petite dépression dans la foulée en rentrant à La Veaute. C’était d’autant plus vrai à cause de l’état dans lequel j’avais découvert ma maison : il y avait des excréments d’animaux sauvages partout, des ronces sur les murs, et des kilos de poussière partout… Il n’y a ni électricité, ni eau, ni téléphone , et aucun moyen de transport disponible. C’est un gros régal. J’avais le sentiment distinct d’être Robinson Crusoé. Je travaille actuellement sur la restauration d’un meuble.

Depuis ma dernière sortie, j’ai tué deux aspirants en une seule journée (rires). Et j’ai eu une nouvelle crise de dépression à cause des problèmes qui sont survenus, notamment le fait que mon passeport est invalide depuis 2012. Sinon, j’ai besoin d’une pièce d’identité pour ouvrir un compte bancaire et obtenir le RSA, pour postuler à EDF et à l’eau, pour s’inscrire à Pôle emploi, etc. Heureusement, il y a eu une démonstration de soutien de la part d’amis et de voisins.
La police est à la recherche du véhicule, qui est un 4×4 rouge. La zone étant densément peuplée de lacs, les enquêteurs effectuent des vérifications sur 225 d’entre eux puis procèdent à des perquisitions sur 19 d’entre eux dans l’espoir de localiser le véhicule qui aurait pu être impliqué dans l’accident1. Robert Lund a été identifié comme suspect après quelques semaines.
L’enquête est toujours en cours et des doutes persistent.
L’enquête, qui a été menée en collaboration avec les autorités anglaises dans lesquelles réside la famille d’Evelyne Lund1, a révélé que le couple avait connu des difficultés, et que le jour de sa disparition, Mme Lund s‘était réfugiée chez des amis à la suite d’un désaccord. Elle avait alors indiqué qu’elle rentrait chez elle pour nourrir ses animaux, ce qu’elle avait fait. Robert Lund avoue n’avoir jamais revu sa femme et déclare son innocence dans l’affaire3. La ferme est saisie en avril 2000, sans progrès significatif dans l’enquête.
Des journalistes anglophones réalisent un documentaire sur la pièce et rencontrent Robert Lund, qui les transporte sur les lieux de la pièce. L’aisance avec laquelle le mari de la victime repère les lieux, et c’est la première fois qu’il le fait, attire l’attention des journalistes. Ils appellent la police et signalent l’incident.
Enfin, une paire de lunettes découverte à la ferme permettra aux enquêteurs d’avancer significativement dans leur enquête. En effet, les lunettes de soleil de la victime ont été retrouvées en sa possession après sa disparition, indiquant qu’elle est rentrée chez elle et donc que son mari est également revenu.
Robert Lund est condamné par trois fois par une cour d’assises et deux fois en cours d’appel à douze ans de réclusion criminelle pour « violences volontaires ayant entraîné la mort » sur sa femme3. De plus, les deux avis de retrait qu’il avait déposés ultérieurement ont été rejetés. La personnalité et le comportement « froids » selon ses accusateurs ou liés au « flegme britannique » selon ses défenseurs jouèrent un rôle sur ses différents procès2 et une bataille importante entre les rapports d’experts sur le véhicule eu lieu. Tout au long de sa procédure judiciaire, il a clamé son innocence2.